Durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi, vingt-quatre ans, juif, lutte aux
côtés des maquisards antifascistes du Piémont. Capturé en 1943, il se retrouve
peu après à Auschwitz, où il demeurera plus d’un an avant d’être libéré par l’armée
russe en janvier 1945.
Au camp, il observe tout. Il se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité
des blocks-dortoirs, les camarades qu’on y découvre à l’aube, morts de froid et de
faim ; les humiliations et le travail quotidiens, sous les coups de trique des kapos ;
les « sélections » périodiques où l’on sépare les malades des bien-portants pour
les envoyer à la mort ; les pendaisons pour l’exemple ; les trains, bourrés de juifs
et de tziganes, qu’on dirige dès leur arrivée vers les crématoires…
Et pourtant, dans ce récit, la dignité la plus impressionnante ; aucune haine, aucun
excès, aucune exploitation des souffrances personnelles, mais une réflexion
morale sur la douleur, sublimée en une vision de la vie.
Paru en 1946, Si c’est un homme est considéré comme un des livres les plus
importants du XXe siècle.
Parce qu’il est familier des grands textes philosophiques, Raphael Enthoven résoud avec une talentueuse sobriété la difficile équation que pose le texte de Primo Levi : comment nommer l’innommable ?